Les artistes en résidences

Chorégraphie mise en scène : Valeria Giuga

Interprètes : Noëlle Simonet, Jean-Michel Espitallier

Textes : Jean-Michel Espitallier

Assistante à la mise en scène : Fani Sarantari

Costumes: Coco Petitpierre

Musiques : rock > à détailler

Production : association ARTDIR – compagnie LABKINE

Coproductions : Viadanse – Direction FATTOUMI/LAMOUREUX à Belfort, en cours

« Rockstar »
Cie Labkine
Valeria Giuga

Résidence de Création
du 2 au 7 septembre 2019
et du 6 au 10 janvier 2020

OPENVIA Vendredi 10 janvier 2020 à 19h30

Jean-Michel Espitallier est un poète rock. Noëlle Simonet a eu une vie de « star ». Voilà le point de départ (et le point de rencontre) de ce duo, un récit mêlant l’histoire du rock et ses figures mythiques aux souvenirs d’une danseuse contemporaine à l’apogée de sa carrière.

Nous traverserons les années soixante-dix et quatre-vingt en compagnie des Sex Pistols, Patti Smith, Pink Floyd, d’Iggy Pop et quelques autres. Jean-Michel Espitallier nous fera voyager à travers cette histoire, à sa façon, un savant mélange de dérision et de sérieusement référencé, au gré d’analyses joyeusement décalées. Son écriture, légère, rapide, parfois irrévérencieuse, portée par sa voix nous accompagnera en live pendant toute la durée de cette pièce.

Dans Rockstar il s’agira de mémoire (mémoire collective et personnelle), de souvenirs et d’oubli. On parlera des illusions de la mémoire, de ses sortilèges et de ses miroirs déformants.
Le plateau, tel l’intérieur d’une boule à facette, sera recouvert d’un tapis miroir, et des sculptures réfléchissantes, en guise de trompe œil, brouilleront la perception de l’espace scénique.

Nous mettrons en scène la dissonance entre le récit de vie d’une danseuse contemporaine au service de l’écriture de chorégraphes et celle des rockstars. Nous sortirons de leur contexte les souvenirs marquants de la carrière de la danseuse pour les entremêler avec ceux des icônes du rock, déplacement les poussant à leur paroxysme, jusqu’à retrouver cette part de merveilleux qui motive toute dévotion. Imperceptiblement, les réminiscences décalées des événements de la vie de la danseuse rejoignent les caractéristiques qui font les rockstars, jusqu’à une forme d’imposture.

Finalement il y a t il une différence entre The Fillmore East et le Gymnase de Bagnolet ?

Pour Rockstar Valeria Giuga ne travaillera pas à partir d’une partition, mais la recherche corporelle sera concentrée autour de ce qui reste de la mémoire des danses interprétées par Noëlle Simonet. Quelques photos d’époque et des programmes de salle seront le point de départ de cette « aventure ». Le corps d’aujourd’hui et le corps d’autrefois, pour poser cette inlassable question: Que reste-t-il des danses passées ?

« On l’attendait depuis des heures. On l’attendait tellement que l’on commençait même à se demander s’il existait vraiment vu qu’au fond, de lui, on n’avait jamais eu que de la musique, toujours en différé, et des histoires, des racontars, des on-dit, des indices.
Et si tout ça n’avait jamais été qu’une machination ? Et s’il n’existait pas ? Quand soudain, salle plongée dans l’obscurité, vague de fond qui fait gronder la foule, cris, sifflements. L’attente vient de changer de nature. Elle s’électrise. Se tend comme un ressort.

Et puis, ce qui devait arriver finit par arriver. Le voici ! Le type qu’on attendait depuis des heures et que l’on commençait presque à ne plus attendre vient de surgir sur scène, flanqué de ses trois ou quatre faux amis que l’on commençait presque à ne plus attendre, soumis au tir d’artillerie des rangées de projos qui font comme des mâchoires de monstre électrique.

Le rocker est un cumulard. Il doit : 1. Faire le job grâce auquel il en est arrivé là : guitariste plus vite que la musique, bassiste à doigts d’araignées sauteuses, batteur très haut débit, chanteur à trois octaves, sculpteur sur perles et souffleur de diamant. 2. Travailler sa posture, son look, rester dans les clous de sa légende, valider sa réputation, ressembler à son image, coïncider avec l’image qu’on se fait de lui et qui fut l’image qu’il s’est fabriquée pour nous. C’est bien connu, le rock’n roll est d’abord une attitude ! Galerie d’icônes, catalogue de gestes.

Pour les groupes ayant atteint l’âge adulte (voire pire), il s’agit donc de réactiver l’objet patrimonial qu’ils représentent et qu’ils ont contribué à ériger – un peu comme l’encombrante armoire de grand-mère que l’on conserve parce qu’elle nous rappelle de jolis moments de notre enfance, parfum de lavande et grincements réglementaires (« ah, si elle pouvait parler ! »). Continuer l’histoire, donc, ou plutôt la rejouer en merveilleux surplaces.

Le type qui vient de surgir sur scène avec son escouade de bonshommes à ses côtés est à ce moment précis notre meilleur ami, la personne qui compte le plus dans notre vie. Il est du côté lumineux de la force une pile atomique deux-bras-deux-jambes qui fournit en électricité 20 000 abonnés venus s’y brancher ce soir-là. Il est un agent du bonheur ! Ion positif. Fée électricité. Si loin si proche. Il est une rockstar.

Alors, on mange dans sa main ! » Jean-Michel Espitallier