Les artistes en résidences

Djodjo Kazadi
Cie Kazyadance

En accueil studio du 18 au 28 mai

OPENVIA le jeudi 28 mai à 19h30

Djodjo Kazadi,  
Cie Kazyadance       
 « Murmures des décasés »

Archipel de l’Océan Indien comptant parmi le continent africain, Mayotte est désormais un département français. C’est dans ce contexte singulier que Djodjo Kazadi, chorégraphe et danseur congolais, dirige la Compagnie Kazyadance ainsi que « Le Royaume des Fleurs », espace novateur, dont Viadanse est l’un des partenaires. Cette structure singulière dans le paysage culturel mahorais est à la fois un centre de formation, de recherche autour de la danse et de l’expression artistique, mais aussi un lieu d’accueil d’artistes. Il est important pour Djodjo Kazadi de créer des œuvres en lien avec le territoire et son histoire. Fundi Ali Saïd est une figure reconnue dans le champ de l’éducation et du théâtre populaire mahorais. C’est en se penchant sur ses manuscrits, en collaboration avec Marie Sawiat Ali Saïd que Djodjo Kazadi crée « Murmures des décasés ». L’œuvre interprétée par trois danseurs et un comédien mêle danse, théâtre et musique pour transmettre la mémoire des habitants du quartier mahorais de Pamandzi, dans les années 40.

Comment analyser une oeuvre d’art ? Un exercice personnel qui sollicite de l’observation et un travail sur notre sensibilité et notre logique.
En 1992, fraîchement bachelière de Mayotte, jeune étudiante à Bordeaux, j’éprouvais la plus grande frustration devant mes copies d’analyse d’oeuvre d’art. Je n’avais ni la compréhension, ni la connaissance, ni les outils pour créer un discours sur quelconque oeuvre d’art. A 19 ans, je n’avais connu ni musée, ni vu de spectacle vivant, ni jamais dialogué sur une oeuvre d’art. Cette frustration a nourri ma curiosité et mon envie fervente de comprendre les différents mouvements artistiques, l’importance d’une oeuvre artistique dans la vie et le bien fou des vibrations internes que cela peut me procurer. Peu importe l’expression artistique, tant qu’elle se construit et se déconstruit. Le processus de création me bouleversera toujours, lorsque l’espace et le temps se mêlent, lorsque je suis happée par l’intimité du créateur. Singulièrement, dans ma quête artistique, je me suis mise à interroger le sens des écritures et des scènettes populaires que mon feu père écrivait alors que je n’étais qu’une enfant. L’art était donc tout autour de moi, depuis mon enfance, mais je ne le voyais pas, puisque je ne savais pas l’apprivoiser, l’aimer, et l’analyser. Au fur et à mesure de mes rencontres, j’ai croisé des enseignements et des magnifiques personnes qui m’ont marquées et inspirées, parmi elle, je citerai la camerounaise Were Were Liking, la fondatrice du Village Ki-yi, un village d’artistes panafricains construit en plein Abidjan en Côte d’ivoire. Maescha, ma première association de production et diffusion artistique m’a permis de découvrir un univers riche et foisonnant de l’art contemporain venant d’Afrique et son dialogue avec les scènes européennes, en accompagnant et diffusant des artistes comme Were Were Liking ou Maalesh.

Mon regard sur Mayotte, mes origines et ses diverses expressions artistiques et spirituelles, est devenu beaucoup plus exigeant, critique et paradoxalement, m’a rendu plus amoureux des miens. Ma rencontre avec Djodjo Kazadi, danseur chorégraphe originaire de Kinshasa, nous a conduit à créer Kazyadance et à rêver « Le Royaume des Fleurs » lors de longues ballades à la Nuit Blanche à Paris. Un magnifique projet qui matérialise le travail de recherche et réflexion que nous avons engagé depuis 2005 pour les artistes et la jeunesse de Mayotte.

Je souhaite que Le Royaume des Fleurs soit un lieu de découverte de la jeunesse, un lieu qui permet une fenêtre des expressions artistiques de la région et du monde.
Un lieu de dialogue et de confrontation de la diversité de nos histoires, de nos talents pour permettre le changement de regard sur notre jeunesse, ô combien talentueuse.

Un lieu qui rassemble et qui nous permet aussi de débattre sur le monde, de nous positionner sur les sujets importants, de porter au-devant du monde notre vision et nos démarches artistiques.
Un lieu qui fonctionne comme une passerelle, qui porte des créations, qui, bien qu’appartenant à la famille de la danse contemporaine, puisent dans tous les registres et dans toutes les palettes de mouvements artistiques.

Marie Sawiat Ali Saïd présidente

MURMURES DES DÉCASÉS

MURMURES DES DÉCASÉS

Création 2019-2020

chorégraphe : Djodjo Kazadi
danseurs : Hanane Widadou, (Nana), Alifeyini Mohamed (Lilcé), Abdoul Karim Nibigira (Alain), Yassoun Mohamed Ahamed (Sayam)
comédien : Daniel Chebani
Co-production : Le festival de Marseille, Le CCN Viadanse, Le Royaume des Fleurs-Kazyadance