« Le questionnement initial de cette pièce est le processus d’homéostasie* inhérent à nos existences, et son impact sur nos actions. Suite à mon parcours ces dernières années, la distinction entre sentiments, intentions et intuitions définissent des différences subtiles de grande importance dans mon travail chorégraphique. Cela étant dit, j’ai plutôt eu tendance jusqu’alors à placer les sentiments comme étant un résultat des actions et de la physicalité de la danse. En découvrant l’ouvrage d’Antonio Damasio L’ordre étrange des choses. La vie, les sentiments et la fabrique de la culture qui articule le rôle des sentiments comme l’origine de nos actions vitales, besoins, ou même de la vie, j’ai souhaité nourrir un processus de création en tenant compte de cette approche neuve, proposer une recherche d’homéostasie entre la danse et son environnement d’où découlera un certain sens du groove.
* homéostasie, nom féminin : 1. Processus de régulation par lequel l’organisme maintient les différentes constantes du milieu intérieur (ensemble des liquides de l’organisme) entre les limites des valeurs normales. 2. Caractéristique d’un écosystème qui résiste aux changements (perturbations) et conserve un état d’équilibre. – Dictionnaire Larousse
Cet approfondissement de la réflexion de Léo Lérus, chorégraphe et danseur, se lie à son travail de recherche initié lors de sa résidence à “La Fabrique Chaillot” fin 2017 à Chaillot – Théâtre national de la Danse ; recherche qui a amorcé une exploration autour du Léwòz, événement culturel guadeloupéen qui donne une place particulière et rare à la danse. En effet, celle-ci tient un rôle central dans le développement musical, car ce sont les danseurs et leur inventivité au cours d’une improvisation spécifique, qui vont directement influencer le percussionniste soliste, le makè, dans sa propre improvisation musicale.
Ancré dans la culture guadeloupéenne, Léo Lérus, en collaboration avec ses danseurs et autres intervenants artistiques issus d’horizons culturels variés, cherchent à intégrer des éléments contemporains afin de découvrir la conscience de la danse et son impact sur son environnement. A travers l’utilisation d’un dispositif interactif constitué de capteurs notamment, le travail développé intègre la notion de “feedback” de la technologie sur nos actions, gestes et pensées dansées sur les mediums de nature différente: son, vidéo, lumière, mouvement.
Léo Lérus, avec sa compagnie Zimarèl, développe ainsi une recherche artistique interdisciplinaire, à la fois sensible et anthropologique.
Gounouj s’inscrira notamment dans la continuité du processus de recherche qui a permis de créer la pièce précédente Entropie (2019), tout en y développant et créant des éléments inédits.