Héla Fattoumi et Éric Lamoureux proposent à sept danseuses de performer les féminités et explorent les potentialités expressives du corps au-delà des simples artifices assignés au féminin.
Imaginant un espace vide surplombé de sept caissons lumineux faisant référence au « plafond de verre », ils affublent sept interprètes d’un arsenal de postiches capillaires et autres prothèses corporelles – que ne renieraient pas Cindy Sherman ou ORLAN – pour produire un paysage féminin d’une inquiétante homogénéité.
Chorégraphiant les transformations et les délitements de cette construction charnelle idéalisée, ils font sourdre et déjouent les effets les plus pernicieux et aliénants des stéréotypes accolés aux femmes. Des odalisques du XIXème siècle synthétisées par le peintre Jean-Dominique Ingres dans son Bain turc en passant par les Mauresques posant, muettes et nues, pour les cartes postales coloniales jusqu’aux représentations les plus contemporaines de la poupée sexuelle, c’est avec une certaine ironie qu’ils dévoilent une véritable fabrique à clichés.
Par le biais de ces représentations, ils mettent à nu la « dé-figuration » de toute une frange de l’humanité par une autre et proposent, en réponse à cette mascarade de la fascination érotique du regard masculin, une horde de sept rebelles qui fait osciller le féminin et le masculin avec impétuosité. Pour mettre du trouble dans le genre et dans l’utopie de faire disparaître ses diktats, puissent-elles être libres de jouer de tous les écarts possibles semblent nous dire Héla Fattoumi et Éric Lamoureux.